Au delà du père, le père de l’au-delà

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La notion d'au-delà du père, je l'ai empruntée à J. LACAN et le père de l'au-delà, à JESUS. Dans la théorie psychanalytique, les pères et leurs relations avec la structure de l'appareil psychique nous aident a comprendre les types de relations entre un sujet et "le père". D'autre part, un jour, un sujet peut entendre une voix et une révélation puis se nommer "prophète". Existe-t-il un lien entre la relation du sujet avec "le père" et le déclenchement de l'arrivée de la voix? En s'appuyant sur ce que l'on peut savoir des prophètes dits "monothéistes", ne peut-on pas avancer quelques remarques auteur de cet axe central : "il faut un père symbolique, sinon …".

Y aurait-il un lien entre l'absence du père, et les déclarations prophétiques ? Je vais orienter mon étude : de la notion du père selon deux aspects :

  • Le père chez les croyants, ses rôles pour les fidèles. Ce sujet a déjà été étudié(1).
  • Le père pour les prophètes, l'effet d'arrivée de la voix.

Autrement dit entre les relations "Dieu - prophète", "Dieu - croyant" et "prophète - croyant" (libérateur, législateur, chef …) c'est la première qui nous intéresse.

Quelles positions adopter vis-à-vis de ceux qui se disent prophètes ? La première est catégorique : "ça n'existe pas" si l'on se réfère à l'étude des académiciens soviétiques à propos de JESUS. La deuxième met en évidence l'aspect social, révolutionnaire : "Ils sont différents de nous", intelligents, purs, stratèges, chefs de tribus, … La troisième les considère comme des fous psychotiques, les symptômes étant les mêmes : hallucinations, déclenchement de la voix ….

À ce jour, à travers l'histoire directe ou indirecte, via les textes religieux ou mythologiques, on connaît au moins quatre hommes qui ont entendu des voix qui, pour eux, venaient d'ailleurs : ZARATHOUSTRA, MOÏSE, JESUS, et MOHAMMAD. Pour tous les quatre, la notion de lumière a une certaine importance.
À ce sujet et dans le champ de la psychanalyse, trois concepts nous intéressent : Le père, la psychose et la jouissance. Pour les psychotiques, il faut considérer l'aspect psychosomatique de la souffrance qui est absent chez les prophètes et les mystiques.
Voyons d'abord l'aspect du Père à travers diverses citations:

A – Les Pères:

Pour S.FREUD, "le dieu personnel n'est psychologiquement rien d'autre qu'un père qui a été exalté "(2). Peut-on utiliser ce constat pour les prophètes mêmes ? Il précise : "Le besoin de trouver un soutien auprès d'une quelconque autorité est si impérieux que pour eux le monde se met à vaciller si cette autorité se trouve menacée".(2) A propos de MOISE, S. FREUD nous parle du "besoin d'une autorité admirée", … de la "nostalgie du père" … de "l'image paternelle" et du "père qui donne le nom".(3)
Si l'on écoute S. FREUD, pour l'inconscient, le père est associé à la mort : "… vous avez, raison d'identifier le père et la mort, car le père est le père mort. Il est la mort elle-même".(4) Et si, dans la réalité, le père est vraiment mort ? Le père comme appellation vient de la mère, le père comme image vient de l'enfant lui-même. L'enfant cherche un père puissant, mythique, érigé en maître, à la fois admiré et rejeté, aimé et haï. Le père, dans la réalité du sujet, est un homme tourné vers une femme qui est la cause de son désir. Dernière le père génétique qui n'est pas intéressant pour l'inconscient, il y a le père réel, le père primitif, le père originel, le père mythique.
Retrouvons S. FREUD : "le totem pourrait être la première forme de ce substitut du père et le dieu une forme plus tardive dans laquelle le père a retrouvé l'aspect humain".(5) Dans les citations ci-dessous, il précise davantage les relations entre les "pères" :

  • "Un père violent, jaloux, qui garde toutes les femelles pour lui et chasse ces fils qui arrivent à l'âge adulte, voilà à quoi elle (la horde originelle) se résume".(5)
  • "Un jour, les frères qui avaient été chassés se coalisèrent, tuèrent et mangèrent le père, mettant fin ainsi à la horde paternelle …". (5)
  • "Les frères peu à peu ont eu la nostalgie du père primitif dont ils ne pouvaient plus rêver de s'arroger la toute puissance ; … il arriva que le père fut élevé au rang de dieu".( 5)
  • "La dévoration du père primitif, le repas totémique, a donné naissance aux organisations sociales, aux restrictions morales et aux religions". (5)

S. FREUD résume cette évolution ainsi : "La loi est ce que fait le père, la religion ce qu'a le fils" (6). Il donne ainsi sa place du père originel : " le père originel est l'idéal de la masse, qui à la place de l'idéal du moi, domine le moi"(7). Le sujet en tant qu'individu à tendance à tendre vers l'idéal de la masse au lieu de son propre "idéal du moi". Lorsque le sujet inconscient est obligé de se séparer de sa mère, de quitter le monde "je suis toi, nous sommes un, alors je suis bien", il doit se mettre dans les bras d'une puissante volonté. La formule suivante devient "je t'obéis, alors tu me protèges".

Passons maintenant à J. LACAN qui nous permet de comprendre les différents "pères" : "Le père symbolique en tant qu'il signifie la loi, est le père mort" ( 8). La loi est la limite et la mort limite la vie. Un père à existé qui a rendu possible, l'existence du sujet et qui, par sa disparition, a instauré les limites de cette existence. Toujours pour J. LACAN : "Le nom du père sert de support à la fonction symbolique" (8). Cette fonction ne peut se mettre en place qu'à travers des signifiants purs : "L'attribution de la procréation au nom du père ne peut être l'effet que d'un pur signifiant, d'une reconnaissance du nom du père" (8). Le sujet en tant que "trésor de signifiants" se construit à partir des premiers signifiants purs qui lui donnent sa propre identification.
En quoi consiste le père imaginaire ? Pour S. FREUD " ..auquel le petit garçon s'identifie n'est pas celui qui existe réellement et que son fils reconnaîtra plus tard, mais un père dont les facultés et les vertus ont subi un développement extraordinaire"(9), comme par exemple maître, professeur, héros, "Rambo idéal" pour l'identification, …
Le père réel, vécu comme castrant dans l'imaginaire de l'enfant, donne vie au symbolique et permet la réalisation de la métaphore paternelle.

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