d’une table ronde animée par Hassan MAKAREMI, peintre, psychanalyste, chercheur à la Sorbonne

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d’une table ronde animée par Hassan MAKAREMI, peintre, psychanalyste, chercheur à la Sorbonne

Nader VAHABI, sociologue à l’EHESS Date:samedi 5 décembre 2015,15h-17h
Table ronde à l’occasion de l’exposition de la peintre Hélène GREBEAUVAL Les oeuvres abstraites et la construction du parcours artistique Peut-on lire dans les oeuvres abstraites d’un artiste plus que certains messages voulus ? Ces oeuvres sont-elles le miroir le plus profond de son existence sociale ? Pourquoi certains individus, très minoritaires, s’orientent-ils vers l’art ? Pour leur satisfaction personnelle ? Comme moyen de gagner leur vie ? Pour mener une vie de bohême ou de loisir parallèle à leur carrière principale ? Comment une carrière artistique se construit-elle dans le temps ? D’où viennent le génie et le talent artistique ? Sont-ils innés ou acquis ?
Ce sont des questions que nous allons illustrer par des exemples et auxquelles nous allons répondre autour d’une table ronde animée par Hassan MAKAREMI, peintre, psychanalyste, chercheur à la Sorbonne
Nader VAHABI, sociologue à l’EHESS Date : samedi 5 décembre 2015, 15h-17h
Adresse : 100, rue de Charenton, 75012 Paris

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         Peut-on lire dans les œuvres abstraites d’artistes, plus que certains messages voulus ?

Sans doute l’art, dans son sens noble est un miroir de notre plus profond instance, notre identité, notre existence dans l’univers : les chemins qui échappent de notre volonté consciente. Entre une phrase de politesse, une phrase toute faite et un poème d’excellence remplie de métonymies et métaphores, on trouve la même distance que entre une ouvre qui essaye de refléter parfaitement notre univers issu de «  réel » et une ouvre abstrait que donne aucun signe saisissable par nos références symboliques.

                Comment je lis dans les ouvres abstrait de Hélène Grebeauval , au delà des couleurs et leurs harmonies , son  cœur qui bat ? 

Hassan Makaremi

Trois questions pour Hélène :

  • Ou êtes vous dans ces tableaux ?
  • Avez-vous inventé un autre langage ?
  • Comment vous écrivez l’histoire de vos ouvres abstraits ?

 

Pour quoi on dit que l'abstrait ne se définit que par son histoire

            L’histoire de l’abstrait se définit par l’histoire de symbolisation ou l’histoire de l’Homme et son  séparation avec l’état animal. On communique, et on utilise des symboles, des signifiants à tell point que la variété et la richesse de ces signifiants et les symboles, nous permet de définir un indicateur pour notre richesse culturelle.

            Histoire de symbolisation aussi, a de sens que au sein de l'histoire de la vie. Plus de trois milliards d’années se sont écoulés depuis le germe originel, près de deux cent mille depuis l’avènement de l’être humain Homo sapiens[1], et quarante mille autres depuis cet avènement jusqu’à nos jours, avec  l’existence de quelques 13 milliards d’individus.

            Notre quête s’inscrit dans la lignée de cette volonté. Nous considèrerons que le patrimoine légué par trois milliards d’années d’évolution existe en chaque être, à l’image des quelques quatre cents mille bactéries léguées par le système digestif de la mère à son enfant. Ces bactéries vivent en chaque être, comme survit en lui l’ensemble d’une richesse culturelle léguée par l’évolution de la symbolisation.

            Comment dans le champ de la psychanalyse nous définissons cet histoire : la distinction entre réel, symbolique et imaginaire et quel lien entre l’art abstrait et le seul élément définissable mais pas saisissable pour nous, se qui Lacan le nomme objet petit a, objet cause de désire, objet qui est à la frontière de les trois éléments qui constituent notre rapport à la réalité. Un objet que l’après notre naissance nous permet de saisir le début du réel qui n’est que notre corps et se lien avec signifiant qui n’est que élément inventé pour notre communication avec l’autre et ce registre imaginaire qui nous permet de se refugié dans fantasme, rêve en attendant de satisfaction de ce réel du corps. Le réel, nous interpellera. " En effet, nous n'avons pas à nous en étonner, le réel est  à la limite de notre expérience.", dit J. Lacan, dans le séminaire IV page 31. Partons à la recherche des limites, dans différents champs de nos connaissances et de nos savoirs à ce jour, en quête des signifiants " limite" dans la profondeur du temps, de l'espace, de l'univers, de la vie, de l'Homme, du sujet parlant, du corps, de la psyché, du possible.

            Les  effets du symbolique, incarnés dans la culture, dans les gestes, dans les signifiants, les mots, les façons de bouger, des mouvements du corps, les façons de tourner les yeux, les danses, etc.

             On peut dire que en opposition avec l'art figuratif, l’art abstrait est tout art qui ne contient aucun rappel, aucune évocation de la réalité observée et que toute référence au monde extérieur est délibérément supprimée. Et de ce point de vue, on peut s’autorisé d’analyser l’art abstrait comme un effort de l’Homme pour sortir de son angoisse de sa présence dans l’univers, effort pour cette manifestation sans passer par symbolisation, un canal direct du réel du corps à  l’imaginaire de l’artiste.

            Dans son ouvrage intitulé Totem et Tabou, Sigmund Freud pose au moins une hypothèse sur l’application de la théorie analytique. L’étude des rituels et de l’ensemble des croyances des civilisations va nourrir l’idée Freudienne que l’analyse de certains comportements de l’homme primitif soulève un lien de parenté patent avec le fonctionnement de l’appareil psychique du  névrosé de ce début du XXème siècle. Pour Freud, toute la question est alors d’identifier et de rendre visible précisément en quoi le primitif met à jour une formation archaïque et progressive de l’inconscient basée sur le refoulement des pulsions. 

            Autrement dit l'art abstrait est si nu, si transparent que devant une ouvre abstrait on s’éblouie, on se retourne, on l’ignore l’ouvre et finalement, on revient. Et justement, à ce moment précis un effort collective, par l’intermédiaire d’un artiste de l’abstrait peut nous réunir à partager cet angoisse qui Freud le situé dans la nerveuse de nos ancêtres primitives. Comme si l’après le  travaille des impressionnistes de décortiquer notre relation avec la réalité plus et jouer sur ce morceau de perception, deux étapes dans la vision : au niveau de l’œil, les rayons lumineux produisent une « impression » et ensuite les nerfs de l’arétine les transmettent au cerveau où ils apparaissent sous forme de « sensations ».

             L’après travail des surréalistes pour faire entrer l’imaginaire dans la réalité de l’art, l’après refond de l’art rupestre dans profondeur de cubisme, l’art l’abstrait fait un pas de plus et elle  attaque directement aux nerveuses et l’angoisse primitive porter dans notre  culture commun.

            Nous pouvons se mettre sur deux axes :

  • L’influence du développement de la science et de la technique propres à la peinture, sur l’évolution de l’art plastique est bien établie. De plus, l'invention puis l'évolution de la photographie au xixe siècle libère la peinture de la représentation de la réalité. 
  • Et retour vers l'intérieur et les processus interne, se mettre en face des couches intérieur de notre existence, comme inconscient et sa couche le plus profond sur l’effet de symbolisation.

            La suite de notre observation sur cette retour dépende de rôle symbolique des couleurs, qui nous êtes arrivés environne il y a 300 0000 année. Dans l’histoire de peinture, la couleur a seulement été utilisée comme l’un des éléments de l’image. Nous n’avons pas encore eu d’images dans lesquelles il n’y ait ni forme, ni sujet, mais seulement la pure couleur. 

            L’art abstrait se  situe à la suite de croisé de ces deux lignes ; progrès technique, d’avantage connaissance de fonctionnement de processus de notre intérieur et retour en profondeur de l’expérience de l’Homme dans sa propre construction. Du réel pur de l’état animal de communication de sensation du réel ce un vers l’autre, jusqu’au sommet de symbolisation nommé l’invention de l’écriture et son stylisation nommée calligraphie. Ces étapes, ces parallélismes entre le mouvement artistique, une pure image de la réalité jusqu’au pur réel du corps de l’artiste d’abstrait, un grand champ du possible de communication. Et pour quoi pas, l'abstrait ne se définit que par son histoire.

            Dans les arts plastiques, l'art abstrait est un « langage visuel » né au xxe siècle. Il n'essaie pas de représenter « les apparences visibles du monde extérieur», mais tente de donner une contraction de réalité  ou encore d'en souligner les effets du réel et du vraie de notre part. L'art abstrait peut se passer de modèle et s'affranchit de la fidélité à la réalité visuelle. Il ne représente pas des sujets ou des objets du monde naturel, réel ou imaginaire, mais seulement des formes et des couleurs pour elles-mêmes Un langage interne et  individuel pour le transfert du réel du corps, Il représente ce qu'on sait d'un objet plutôt que ce qu'on en voit avec cette différence entre les deux champs du savoir et la connaissance, la transmission de son savoir et non pas ses connaissances.

             L'art abstrait utilise un langage formel, pictural et linéaire pour créer une composition indépendante du rapport aux références visuelles existantes dans le monde sensible. Une expérience visuelle de l'artiste libérée des contraintes de la représentativité. Quitte les symboles, les représentations alors les changements et relecture de notre présence dans l’univers dans tous se formes et tous les disciplines, philosophique, langage, et bien sur le changement technologique dans tous les sens que NTCI, que présence du corps des objets, progrès technique  facilité de image mobile, transfert d’image mobile, l’installation, relation entre nomination et l’objet dans réalité, ajout réel comme tous les sens.

            Et finalement on peut aussi questionner l’artiste sur  ses relations avec le réel  du corps et la réalité  hors corps. Les sources dont les artistes tirent leur arguments théoriques sont diverses et reflètent les préoccupations sociales et intellectuelles dans tous les domaines de la culture. L’abstraction indique un point de départ, une nouvelle représentation de la réalité et de l'imagerie dans l'art. L'écart entre l'art et réalité, thème classique de la représentativité artistique, a traversé le miroir de l'exactitude visuelle. L’abstraction s'inscrit dans cette continuité, cette constante recherche d'une représentation juste du réel, ce qui est impossible à ce jour sans passer par des symboles

            Elle se veut une réponse à ces nouvelles formes récemment apparues, considérées malgré leur exactitude technique comme partiales, incomplètes. L'idée de sublimation de la réalité disparaît au profit d'une abstraction extérieure à sa représentation tangible, l'art ne vise plus la vraisemblance la plus grande, le réalisme le plus exact, car il peut être supplanté, résumé, au moins théoriquement par les nouvelles formes de représentation automatisée, puisqu'une représentation parfaite est susceptible d'être extrêmement difficile à atteindre. A tell point que  cette question que je ne comprends rien de votre travail veut dire, je comprends quelque chose des autres choses de la réalité, veut dire que il y a la des matériaux, à comprendre

            Le travail artistique prend des libertés, couleur, forme, les références et le reconnaissable disparaissent au profit des effets visibles, des formes géométriques, des lignes épurées ou foisonnantes, des couleurs uniques ou mêlées. Il va surtout s’inspirer de ses sensations, visuelles et acoustiques, pour en donner une vision intérieure plus conforme aux nouvelles données scientifiques. Il faut rapprocher l’art du continuum vibratoire de la nature. Et pour illustré encore une fois de plus l’abstrait et l’histoire de notre évolution.

            Peut être l'art abstrait nous aidera aller plus loin. S. Freud espère trouver ce qui est psychiquement inné via la procédure analytique, via la sortie des signifiants ; je cite Freud dans  l’interprétation des rêves : " Nous pouvons espérer parvenir, par l'analyse des rêves, à connaître l'héritage archaïque de l'homme, à découvrir ce qui est psychiquement inné…...". L'analyse des rêves en écoutant le discours du sujet : voilà, d'après Freud, l'outil de fouille archéologique pour aller jusqu'au plus profond de l'humanité, aller où il n’existe aucun autre outil que la dimension symbolique.

            Notre perception du monde avant l’invention des symboles  ne saurait être décrite par les mots, du fait de l’existence de cette unité dualiste qui échappe aux catégories du langage humain. Il existe un autre monde, une autre mémoire, un autre langage. « Parler, c’est traduire… d’une langue angélique en une langue humaine », écrivait Henry Corbin 

            Le chamanisme s’inscrit dans ce type d’expérience, et se réalise depuis la nuit des temps. Ernesto de Martino[2] développa relativement à ce thème du chamanisme une pensée originale et novatrice qui fait actuellement l’objet d’une redécouverte sur le plan international, tant dans les domaines anthropologique qu’ethnologique (et plus largement en sciences humaines).

Basant ses propres observations sur l’aboutissement des travaux ethnologiques de son époque, de Martino posa la question du contenu des rapports établis par les scientifiques européens. Il interrogea ses contemporains : les chamans se situent-ils hors de la réalité, et leurs discours sont-ils le fruit de leur imagination, ou bien véhiculent-ils certaines vérités en eux ?… En se livrant dans son œuvre colossale consacrée au monde magique à une analyse en profondeur de différents rapports existants, de Martino releva un certain nombre d’éléments rappelant étrangement les expériences mystiques du zèkr. Citons ainsi un passage de son ouvrage Le Monde magique[3], au sein duquel il décrit la pratique de la Danse du Bison chez les Dakota, au cours de laquelle la figuration du bison par le danseur et la présence effective du bison constituent, pour le spectateur, deux traits indépendants, cependant que dans la conscience du danseur Dakota, la qualité commune de cette présence en imprègne si fortement le désir et les impulsions, qu’elle en efface la dualité : en vertu de l’expérience vécue, les deux ordres de faits deviennent une seule et même chose. A un autre passage encore[4], un second exemple pertinent est livré : « Considérons, par exemple, le Latah qui répète le bruissement des feuilles et des branches agitées par le vent. Cette forme d’imitation passive réalise pleinement la fusion affective du sujet et de l’objet : elle n’a cependant rien d’une imitation magique. 


[1] La classification avait jadis coutume de diviser la famille des Homo sapiens en deux sous-espèces, les Homo sapiens neanderthalensis et les Homo sapiens sapiens. De par de récentes études, il fut démontré qu’il n’existait aucun rapport de descendance entre la famille des Homo sapiens et la sous-famille des Homo sapiens neanderthalensis. Deux familles distinctes sont à présent seules différenciées : celle des Homo sapiens et celle des Homo neanderthalensis.

[2] Ernesto de Martino (1908 – 1965) fut professeur d’histoire des religions à l’Université de Cagliari.

[3] Le Monde magique, Institut d’édition Sanofi-Synthélabo, Paris, 1999, page 141.

[4] Le Monde magique, Institut d’édition Sanofi-Synthélabo, Paris, 1999, page 113.