23-  Festival Musiques sacrées de Fès,  Juin 2012

«Man nah manam, nah man manam»
«Je ne suis pas moi, pas moi, je suis»

Assiri, Poète iranien de 17ème siècle

Entre ivresse sans faculté de penser et être éveillé sans être bien en chanté, il y a un troisième lieu, temps espace qui cherche Khayyâm.

Si notre Univers était un tore

Si notre Univers était un tore

« Je ne suis pas moi, pas moi, je suis »; ce vers déclare un état d’être humain questionnant profondément ses frontières. Une présence du moi, dans un Univers autre. Cet individu, indivisible  qui par la magie de la symbolisation, par l’intégration des dimensions de la communication rendue possible grâce aux symboles, par la fluidité de la circulation des symboles entre soi et l’autres, entre passé, présent et futur, casse le statut immobile de l’individu et invente un autre moi. Un moi nageant dans les symboles, sans lien avec le temps ni l’espace. 

La présence d’un sujet humain dans son Univers concentre en lui toute sa culture. De là le sujet présente son discours. « Je ne suis pas moi,… », cette parole poétique est un pas introductif dans la négation du sujet et mérite donc une recherche approfondie. L’Univers est individuel, même si nos connaissances et nos savoirs à ce jour nous dirigent pour la classification d’au moins quatre familles de l’Univers : l’Univers visible, l’Univers mesurable, l’Univers possible et l’Univers englobant la présence d’un sujet.

Les premiers singes nous permettent d’imaginer l’Univers de l’être parlant grâce aux traces de symbolisations gestuelles. Puis viennent les objets intermédiaires, les rituels, les syllabes, les mots, les paroles, les dessins préhistoriques et les premiers éléments de l’écriture. Les récits des chamans, des mythologies, la culture orale nous présentent un autre côté de cet Univers. Le rêve, le fantasme, la poésie, l’art en sont d’autres dimensions.

Henry Corbin,  grand savant français du vingtième siècle, en décortiquant la culture et la mythologie Perse avant l’Islam et sa continuité au sein de la pensée des mystiques iraniens, nous révèle  la présence d’un monde parallèle, qui est ni ce monde et ni l’autre monde d’après la mort. Un climat, un continent présent mais inaccessible pour nous sauf pour les exceptions. Une partie de notre présence de sujet humain habite dans ce monde. C’est  «  Ravan », un concept intraduisible par notre notion de psyché. Comme si, ce monde - le troisième - était ni ce monde présent, interne, ni notre monde absent externe de notre Univers imaginable, mais bien entre les deux.

Jacques Lacan psychiatre, psychanalyste français parle d’un Univers de signifiants qui se véhicule entre les « être parlants » qui n’appartient à personne. Ni interne, Ni externe, dans un troisième lieu. Comme si notre Univers était un Tore ! Il y a un extérieur entre l’intérieur ou un intérieur en dehors.

Un tore est engendré par la rotation d'un cercle autour d'un autre cercle.

Si finalement cet extérieur - intérieur ou intérieur - extérieur, scindait autrement notre Univers ? La mise en cause des frontières du moi, peut-être, n’est pas étrangère à ce sentiment de présence. Au-delà de la symbolisation, il y a aussi des traces de construction de soi. Des frontières difficiles à exploiter avec les outils de la symbolisation.

Si l’écriture est le sommet de la symbolisation collective de nos ancêtres qui permet d’entrer dans le monde de la science, si l’art, la musique, la danse, les arts plastiques sont des moyens nobles de manifestations de savoir et de nos intuitions, peut-on dire que la calligraphie est la stylisation de cette symbolisation utilisant l’harmonie créé par l’art ?

Ce qui vous avez devant vous est un effort pour faire revivre une histoire. L’Univers Tore, représenté par les éléments de l’environnement du monde Perse et la calligraphie Nastaliq ou Parsi et leurs relations étroites, incarne l’harmonie de cette ambiance.

 
                                                                                              Hassan Makaremi     Paris     2012

^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^

Expositions & Projections
Musiques Sacrées
Forum de Fès
Festival dans la ville
Expositions & Projections
Autour du Festival
 
EXPOSITIONS
 
Musée Batha

Hassan Makaremi « Je ne suis pas moi, pas moi, je suis »

Entre ivresse sans faculté de penser et être éveillé sans être bien enchanté, il y a un troisième lieu, temps-espace. C’est ce troisième lieu que cherche Khayyâm. Le Tore est un volume topologique qui a un intérieur et deux extérieurs, ce milieu qui nous montre la possibilité d'un troisième temps espace, objet de recherche de Khayyâm. Les tableaux de cette exposition montrent un effort pour faire revivre une histoire. L’Univers Tore, représenté par les éléments de l’environnement du monde Perse et la calligraphie Nastaliq ou Parsi et leurs relations étroites, incarne l’harmonie de cette ambiance

^^^^^^^^^^^^^^^^

Publié le: mer, juin 13th, 2012
Arts & Scène | Par Achnoo
Festival de Fès : des peintres apportent leur touche au « ré-enchantement du monde »

associationcasablancaEssaouiraexpositionRiad
 Alors que des penseurs et des maitres du chant donnent, chacun à sa manière, leur vision du « ré-enchantement du monde », des artistes-peintres, d’ici et d’ailleurs, ont sorti leur pinceaux pour apporter, eux aussi, leur touche au tableau de la 18-ème édition du Festivalde Fès des musiques sacrées du monde.
Autour de l’arrière-jardin du somptueux musée Batha, l’artiste-peintre français d’origine iranienne, Hassan Makaremi, qui a intitulé son exposition « Je ne suis pas moi, pas moi, je suis », se déploie à proposer un troisième lieu « temps-espace », qui le situe entre « ivresse sans faculté de penser et éveil sans être bien enchanté ».
Ses tableaux montrent un effort pour faire revivre une histoire. L’Univers Tore, représenté par les éléments de l’environnement du monde Perse et la calligraphie Nastaliq ou Parsi et leurs relations étroites, incarne l’harmonie de cette ambiance.
L’exposition de Hassan Makaremi partage les cimaises du musée Batha avec une fidèle fillede la ville, Laila Iraki, qui vient de se consacrer à sa passion de la peinture, après denombreuses années à exercer en tant qu’enseignante à la faculté de médecine deCasablanca.
Les œuvres de son exposition, qui rend « hommage à ma ville », reflètent tous les thèmes qui se rapportent à la nature, sans oublier son vif intérêt pour les monuments historiques. Douée depuis sa plus tendre enfance pour le dessin, elle ne cache, surtout pas, l’apport del’artiste peintre Afif Bennani, qui lui transmet avec une grande générosité la maîtrise du pinceau et du couteau.
Quelques ruelles plus loin, l’artiste peintre écossaise Caroline Fulton a choisi les cimaises du beau Riad Réda pour abriter son exposition « Nos voisins les vivants : animaux du Maroc », qui invite le public à un voyage dans le monde des animaux du Maroc par ses différentes toiles aux styles et couleurs variés.
Dans un contexte de motifs abstraits et figuratifs, Caroline Fulton, qui réside à Essaouira, transmet par un regard tendre et nostalgique la condition incertaine de ces animaux pourtant familiers, au sein de l’esthétique d’un environnement humain.
A Dar Tazi, un autre joyau architectural de la médina, l’exposition « Des Astrolabes » deDavid Packer remet en question les idées préconçues du monde, par une inspection visuelle intégrant deux intérêts particuliers, l’industrie et le monde naturel. Ses Âœuvres représentent ce qui semble à première vue des choses de la vie quotidienne, des objets connus, tels que des bouteilles d’eau en plastique, des moteurs de voitures, des trains et des animaux.
Ces sujets communs, parfois reconfigurés avec les nouveaux médias, parfois construits avec des objets trouvés, sont transformés en objets qui résonnent avec des associations plus complexes. Des matériaux comme la céramique, du bois neuf ou recyclé et des objets trouvés, sont tous combinés de façon imaginative et exigeante, souvent traités avec des couleurs monochromatiques et avec une répétition thématique.pital Ibn Rochd à Casablanca

^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^

Festival des musiques sacrées, Gros shows à la médina

Points: l’Iran, la France et la Guinée, grandes vedettes

Spectacles à guichets fermés au musée Batha, à Dar Adyel et Mokri  3804  13-06-2012

LES nuits de la médina ont aussi leur clientèle. Programmées dans le cadre du festival de Fès des musiques sacrées, ces soirées séduisent de plus en plus de monde.
Lundi, les trois spectacles se sont tenus presque tous à guichets fermés. «La particularité de ce concept, c’est qu’il offre des nuits d’invocations et spiritualités dans des endroits intimistes», déclare Faouzi Skali, initiateur du festival. Que ce soit au musée Batha, ou encore à Dar Adyel ou Dar Tazi, le public est venu en force ce 11 juin. Il faut dire que jamais la médina n’était aussi propre, éclairée et bien sécurisée que lors de ce festival. Car, l’on sait qu’à la clé, il y a un événement qui crée l’activité, attire des visiteurs aussi bien marocains qu’étrangers qu’il faut accueillir dans les meilleures conditions afin de les inciter à y revenir. Pour ce qui est des spectacles de la première «nuit», les artistes Mahsa et Marjan Vahdat d’Iran ont animé Dar Mokri avec des chants mystiques que tous les présents ont suivis avec beaucoup d’intérêt. Ihsan Rmiki et l’ensemble Zaman Al Wasl du Maroc ont ébloui le public de Dar Adyel. Mais le spectacle apothéose est celui donné par Mory Djely Kouyaté et Jean-Philippe Rykiel (France-Guinée) au musée Batha. En effet, la rencontre d’une voix mélodieuse et d’un pianiste chevronné a englouti le jardin du musée et les spectateurs réunis sous le chêne centenaire. Hier, à l’heure où nous mettions sous presse, une autre nuit de la médina était annoncée. Celle-ci sera animée par Rabbi Haim Louk, l’ensemble arabo-andalou dirigé par Abderahim Souiri, Cherifa, la poétesse du Moyen-Atlas (Maroc), et l’Ensemble Nour (France-Iran).
Parallèlement aux soirées musicales, les sites du festival abritent aussi des expositions. Celles-ci sont signées Hassan Makaremi (Je ne suis pas moi, pas moi, je suis), Laila Iraki (Hommage à ma ville), David Packer (Des Astrolabes) et Caroline Fulton (Nos voisins les vivants: animaux du Maroc). Cette dernière est une artiste peintre écossaise. Elle invite le public à un voyage dans le monde des animaux du Maroc par ses différentes toiles aux styles et couleurs variés. Dans un contexte de motifs abstraits et figuratifs, elle transmet par un regard tendre et nostalgique la condition incertaine de ces animaux pourtant familiers, au sein de l’esthétique d’un environnement humain.

Une projection

Vendredi 15 juin - 10h00, le public a rendez-vous à Dar Batha pour une projection intitulée «Pour une nouvelle Séville». Ce film de Kathy Wazana sera projeté en hommage à Simon Lévy et en présence de André Azoulay. «Pour une nouvelle Séville» est à la fois enquête historique et film d’essai poétique et musical sur la dépossession et l’exil, sur l’espoir et les possibilités de coexistence. Tourné au Maroc et en Israël, ce long métrage documentaire explore les circonstances qui ont mené à l’exode des Juifs du Maroc, exode inextricablement lié à l’exil et la dépossession du peuple palestinien.

Youness SAAD ALAM

^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^

Facebook