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SIGMUND FREUD
TEXTE ECRIT EN 1912-13 ET PUBLIE EN FRANCE EN 1923
Introduction :
Dans son ouvrage intitulé Totem et Tabou, Sigmund Freud pose au moins une hypothèse sur l’application de la théorie analytique. Théorie qu’il ne cessera de placer ensuite dans le champ de la vérification. Une de ces hypothèses consiste notamment à interroger l’ambivalence qui semble toujours avoir animé les sentiments de l’homme face à la figure du chef. En s’adjoignant et en s’appropriant certaines des avancées anthropologiques de l’époque, la question des relations entre le chef et la horde est ici au cœur de la problématique analytique. L’étude des rituels et de l’ensemble des croyances des civilisations va nourrir l’idée Freudienne que l’analyse de certains comportements de l’homme primitif soulève un lien de parenté patent avec le fonctionnement de l’appareil psychique du névrosé de ce début du XXème siècle. Pour Freud, toute la question est alors d’identifier et de rendre visible précisément en quoi le primitif met à jour une formation archaïque et progressive de l’inconscient basée sur le refoulement des pulsions. Cet ouvrage met l’accent sur le rapport le l’individu à la société, ainsi qu’en creux aux causes et conséquences de la dialectique entre nature et culture. En effet, depuis la nuit des temps chaque individu a dû s’adapter aux règles de la sociabilité implicitement et explicitement transmises aussi bien par les coutumes sacrées que par les lois. Ce faisant, Freud met à jour les impacts profonds et successifs de ce bridage probablement nécessaire pour que les sociétés puissent survivre en s’organisant autour d’un chef tantôt protecteur, guerrier ou demi-dieu. On peut ainsi découvrir comment ce dernier devient irrémédiablement le support où les projections de chacun se retrouvent pour le meilleur et pour le pire. Cet ouvrage signe également une quête dans laquelle Freud s’engage durablement et qui tend à poser les bases d’une psychanalyse appliquée à un autre domaine que celui de la cure ou de la thérapie. En effet, tout au long de notre lecture, nous rencontrons ici la naissance d’un décloisonnement horizontal des concepts fondamentaux de la théorie psychanalytique appliquée à l’étude de la dynamique de formation et des fonctionnements des groupes. Parmi ces incontournables notions transverses aux sociétés d’hier et d’aujourd’hui, Freud reprend notamment : la peur de l’inceste et la dynamique Œdipienne, la réalisation ou non des pulsions de vie et de mort, le refoulement, le transfère… De fait, cet ouvrage continue en soubassement à interroger le rapport que Freud entretient avec la religion, la science, l’art et la métaphysique. Opiniâtrement, en plein cœur de l’horreur de la première guerre mondiale, il cherche à instituer le sujet humain comme une individualité qui gagnerait peut-être à être libérée des systèmes de superstition et d’une culpabilité ancestrale implicitement transmise de génération en génération par l’illusion grégaire de la toute puissance des idées.
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