Un état entre les chamans et les autres

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« Mircea Eliade d’avoir en quelque sorte normalisé les représentations du chaman en situant celui-ci aux sources de «l’histoire de la mystique»

Les moments importants dans la démarche de l’Homme sont les moments ou une avancée théorique via un regarde structurel se surgi, comme Darwin et son regarde sur l’évolution, Einstein et son regarde sur l’origine de matériel et l’énergie. Peut-on généraliser cette façon de regarder et répondre aussi aux questions de présences des différentes croyances? Peut-on imaginer qu’il y a une chaîne continue de connaissances et de savoirs chez l’Homme ? Peut-on imaginer que hors des découpages par les croyances et les prophètes et les systèmes de différents clergés, il y a la possibilité d’avoir un regard structurel sur la croyance de l’Homme au-delà de séparation par les fondamentaux de ces croyances ? Peut-on aussi essayer de faire une hypothèse comme Darwin, mais dans les domaines de connaissance et savoir de l’Homme et établir des liens entres les classements des sciences et les autres fruits de présences de l’Homme comme, l’art, peinture, danse, littérateur, poésie, alchimie, astrologie, chamanisme… Avec un nom qui peut résumer cette hypothèse : La chaîne de Paléoculture ( peut-être une nouvelle nomination)?
Plus de vingt ans, ces questions sont la base de mon travail. J’essaie prendre le thème de mysticisme, comme une de ces phénomènes très importants. Est –ce nous somme capable d’aller le plus loin possible pour trouver les traces des expériences des mystiques. Nous avons à ce jour les traces des récits des scientifiques sur la monographie des pratiques des chamans, depuis du16ème siècle. Notre hypothèse, des liens structuraux sur l’ensemble des fruits de présence de l’Homme sur notre terre et lien organique ente eux, nous permet de mettre dans un contexte global et comprendre davantage les origines de chaque discipline, dont la présence des mystiques. A ce sujet nous pouvons avancer les questions et les études sur les champs suivantes:
- Peut-on trouver le champ de l’expérience mystique avant la présence des mystiques monothéistes ?
- Comment peut - on trouver les traces les plus anciennes pratiques des mystiques monothéistes ?
- Si les expériences des chamans sont restées plus au moins intacts pendants des milliers d’années, est ce on peut considérer que l’état de l'extase des chamans comme une expérience mystique le plus ancien?
- Comment peut-on faire une révision de l'histoire de présence de l'Homme dans l'Univers sur la base de la continuité de l'avancement et l'invention des signifiants (symbolisation et ses relations avec l’imaginaire, monde d’image, effet de l’extase) ?
- Peut-on prendre en compte la totalité des activités et les démarches de l'homme pendant son existence, centaine des milliers d’années, comme, chamanisme, alchimie, astrologies, la totalité des croyances ?

Nous pouvons avancer qu’au-delà du respect voué au monde interdisciplinaire et multidisciplinaire, porter notre regard vers le plus loin possible. Un regard en profondeur et global, tentant d’embrasser toutes les couches et les volumes de l’humanité. Ce méta-regard comprend les 50.000 ans d’art rupestre, 13 milliards d’êtres humains déjà nés dont 7 milliards vivants, 3 milliards d’années de présence de la vie sur terre et les 14 milliards d’années depuis la naissance de l’univers. L’utilisation systématique de l’ensemble de la multidisciplinarité de nos connaissances détenues à ce jour vise à mieux comprendre notre passé pour mieux inventer notre avenir.
La connaissance du fonctionnement de notre psyché nous aidera à inventer les outils intelligents pour avancer, et par ricochet ces outils nous permettront de mieux modéliser le fonctionnement de notre psyché. Peut-on avoir un autre regarde vers nos questions par leur importance, des questions, hiérarchisation des questions ? Il faut sans doute commencer par une question de base. Comment trouver cette question de base? Comme Humaine, notre présence dans l’univers et à la fois liées de notre positionnement et à la fois notre rapport avec la vie et hors vie. Homme communique et surtout symbolise. Si cette symbolisation nous sépare des autres éléments de la vie, les animaux, alors pour l’Homme et ses productions, commencent par la symbolisation. Comment cette symbolisation s’est produite, quel chemin elle a pris ? Quels sont ses effets ? Quel lien entre cette symbolisation et l’ensemble des autres éléments de l’évolution dans nous ?

 

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Une idée rapide de Trace de sublimation

 

Le phénomène des mystiques est un mystère et une présence historique non négligeable. Ce travail se révèle très difficile car nous nous trouvons en face d'un
Le phénomène des mystiques est un mystère et une présence historique non négligeable. Ce travail se révèle très difficile car nous nous trouvons en face d'un paradoxe : notre présence dans l’univers est liée de parole et à même temps les mystiques appartiennent à la catégorie "hors parole". Ils sont très anciens et très différents dans les différentes civilisations ; ils se mélangent avec les traditions, les mythes, les religions, les sectes, les confréries, les abus de pouvoir, la magie…
Les paroles des mystiques sont codées à cause de la peur qu'ils ont des autres, des problèmes de compréhension, des interprétations. Ils sont jugés comme : "fous", possédés, "hors champ", hors religion, hors systèmes, hors institutions. Ils dérangent car ils parlent à travers des métaphores, « je suis muet mais j’ai fait un rêve et les gens sont tous sourd, je suis incapable de le dire et ils sont incapables de l’entendre », Moulavi Balkhi poète mystique persane du 13ème siècle.
Pour essayer de traduire notre définition des mystiques, voyons d'abord leurs caractéristiques communes. Dans tous les cas, le mystique est celui qui est persuadé d'entendre une voix ou de voir "d'autres choses". Ces choses sont communiquées à travers lui. Il n'y a pas un monopole destiné aux prophètes, chacun peut être destinataire du message. Il n'est pas différent pour les autres sujets, concernant leur manière d'être. A la différence des prophètes, chacun peut avoir son propre chemin.
Autre point commun : la source du message est à l'intérieur de lui (ésotérique) et ce monde intérieur est lié avec l'amour et l'état de bien être. Tous les mystiques se disent différents des autres. Leur état différent "suprême" est d'arriver à vivre comme les autres, au milieu de l’autre tout en restant un "maître". Le terme "mystique", apparu dans la langue française dès le 15ème siècle, vient du latin "mysticus", du grec "mustikos" et dérive de "mystère", "mysterium", "mustérion" et finalement de "mustès" qui signifie "initié aux mystères".
Dans d'autres cultures, ils sont nommés autrement : connaisseurs, savants, "à part", celui "qui abandonne", celui qui est "hors besoin", il a tout, il est riche intérieurement. On constate également des ressemblances entre les discours des sujets dans les différentes situations où ils se trouvent. En utilisant différents signifiants ils parlent de l'amour, de l'état de bien-être, d'être "hors du temps", hors espace. Ils parlent d'union, d'un certain type de savoir absolu, qui n'a pas besoin de recherche puisqu'ils ont déjà tout trouvé. Les expériences mystiques, les prophètes et l'état psychotique sont tous une voie sans retour.
Comme pour une passion absolue, il y faut de la persévérance, comme s'il y avait une autre réalité absolue déjà acquise et irréversible. Une fois le processus déclenché, ils ne reviennent pas en arrière. Est-ce qu'avec le champ de la parole, on peut expliquer un état hors champ? Tout ce qui est en dehors du champ de la parole s'exprime difficilement avec des mots : la couleur, la musique, l'art, la danse... Dans ce cas là, le rêve et la vie ont la même valeur, la même réalité. Le miracle ou l'hallucination, au moment où ils l'expriment, ont toujours eu lieu "avant". La mise en paroles vient après ; la voix est toujours dans le passé, "jamais présente".
Tous disent qu'ils ne sont pas capables de bien expliquer leur expérience par les mots, ce qui rend l'accueil de leur parole et éventuellement l'interprétation très difficile. La richesse des textes concernant les différents domaines de notre recherche dans la littérature est telle qu'il nous est impossible de faire une étude à la hauteur de notre ambition. De plus, il y a une confusion entre le sujet de notre recherche, qui analyse des discours et la prise en compte de ces discours en tant que la vérité et notre foi, car nous séparons les paroles des prophètes adressées à leurs disciples de ce qu'ils disent sur leur état. L'objet de notre étude ne traite pas des champs sociaux, historiques ni de la connaissance des cultes. Il existe aussi des corrélations entre cet état mystique et différentes autres situations :
• Les expériences de mort imminente (EMI / NDE)
• Les prophètes,
• Les hallucinations des psychotiques,
• Les discours de certains drogués,
• Les discours de certains sportifs de haut niveau
• Les malades revenant d'un état comateux
• Certains cas d'hypnose, ou certain d'état second.

Pour tous ceux qui ont vécu ces différentes expériences, il y a "le moment où il n'y a rien" et "le moment où il y a tout" : "je n'entends plus rien, j'oublie tout", "je suis partout, tout puissant, je vois tout". L'image du corps et son confort sont oubliés. Le corps n'a plus de besoins réels, il devient vide. L'expérience se passe avec son message, au-delà de la vie charnelle.
On peut aussi comparer les tendances mystiques avec les autres institutions, les religions, les sectes, les écoles et les unités de recherche … Les modes d'apprentissage sont comparables. Dans l'expérience scientifique et religieuse, il n'y a qu'une voie : pour la science, la "cause à effet" palpable et la reproduction d'éléments bien identifiés ; pour la religion le chemin passe par la voix du prophète et ou une chaine humaine qui transmettre la foi. Au lieu de dire "cherchez votre voie", ils disent "suivez-moi". L'initiation et l'autonomie vont contre le principe "plus tu avances et plus tu obéiras". Le message est individuel, il n'y a pas de travail de groupe. Les premières questions à se poser sont "qui suis-je?", "Qu'est-ce que je fais ici ?".
Dans la religion la définition de Dieu est unique et déjà prête. Le mystique a sa propre définition de Dieu, avec ses propres signifiants de base. Ibn Arabi, avec sa recherche d'un "nom plus grand" pour Dieu reprend ses propres signifiants du "nom-du-père". De même que dans une confrérie, tous renoncent, tout uniment au sexe, à l'argent, au pouvoir, … toutes choses bien mesquines au regard de l'Absolu qui vaut le "fana", la fusion absolue. Peut-on aussi considérer l'expérience mystique comme une drogue ? L'initié répondra généralement qu'il n'en est rien, que le besoin qu'il ressent est lié au "plus" de sa pratique, que l'omettre le fait redescendre du plan qualitatif où le porte cet état de conscience particulier.
L’expérience mystique avant la présence des mystiques monothéistes :
L'état visionnaire (expérience mystique), les prophéties et l'expérience de mort imminente (Near Death Experience;NDE), ces trois éléments nous viennent de très loin. Cependant, il existe des ressemblances entres les trois discours. Notre objectif est d'analyser l'aspect extérieur des points communs entre ces trois éléments, sans juger à priori de l'exactitude des paroles dites par les personnes qui ont vécu des expériences. Le champ de notre étude proviendra des sources mythologiques jusqu'aux recherches récentes sur la NDE, en utilisant les traces écrites des discours.
L’utilisation des mots est l'événement qui nous a donné la qualité d'"être humain". Cet événement a permis de construire notre mémoire des mots, il concrétise nos sensations, il invente des concepts qui se rejoignent aux frontières des mots". Notre mémoire des mots utilise des termes précis, même le dialogue avec nous-mêmes passe par les mots. A la frontière entre l'état animal et l'invention des mots, que s'est-il passé? Pour quelles raisons avons-nous besoin d'autre chose que des mots pour nous exprimer ? (Par exemple la musique, l'art, danse, etc.) Pourquoi les grands maîtres mystiques ont-ils toujours le sentiment de ne pas être capables de relater leurs expériences ésotériques et visionnaires ?
La même constatation est faite par les sujets qui ont connu des états NDE. Un endroit qui ne peut connaître ni le temps ni l'espace. A ce moment là "temps" signifie toujours, maintenant et éternité et "l'espace" est partout. Les trois notions de "lumière" d'"amour" et de l’autre côté de moi forment un pont historique entre les premiers éléments mythologiques, religieux et les expériences de mort imminente NDE. Les éléments mythologiques, les textes visionnaires de Zoroastre, de l'évangile, des mystiques iraniens et les témoignages sur la NDE ne peuvent pas être considérés comme sans intérêt : ici les phrases dites seront analysées sans entrer dans la polémique de leur degré d'exactitude.
"Je suis amoureux de "mois sans moi»", cette phrase de Rûzbehan a été traduite par Henry Corbin sous la forme suivante : "c'est moi-même qui, sans moi-même, suis l'amant de moi-même" . La phrase Persane est : "MAN" en persan signifie "je" et "moi". ASHEGAN signifie être amoureux. Le premier "MAN" signifie "je" conscient qui est amoureux de deuxième "MAN", le "je" global qui là est un ensemble, un tout unique comprenant un extérieur et un intérieur, sans le troisième "MAN" qui signifie le "je" : extérieur, reflétant l'image de moi dans le miroir des autres. Le "moi" qui est le sujet d'amour dans cette phrase n'est-il pas la même partie que celle que Najm Kobra , un autre mystique du 13ème siècle décrivait dans son livre "les intérêts de beauté …" : "Sache que l'âme, le démon, l'ange, ne sont pas des réalités intrinsèques à toi, tu es elles-mêmes. Semblablement, le ciel, la terre et le trône ne sont pas des choses intrinsèques à toi, ni le paradis, ni l'enfer, ni la mort, ni la vie. Elles existent en toi, lorsque tu auras accompli le voyage mystique et que tu seras devenu pur, tu prendras conscience de cela" Ce même "Moi" est dans le centre de ce poème d'Halladj mystique du 11ème siècle : "Je suis celui que j'aime et celui que j'aime est moi, nous sommes deux esprits dans un seul corps, si tu me vois, tu le vois et si tu le vois, tu nous vois".
En vérité, l'état visionnaire peut être considéré comme un cas exceptionnel qui permet de se rapprocher de cette couche de mémoire qui existe en nous. Rappelons-nous ce qu'écrivait Najm Cobra : "Sache que l'âme, le démon, l'ange, ne sont pas des réalités intrinsèques à toi ; tu es elles-mêmes". Comment ne pas être sensibles à la déclaration bouleversante d'Halladj, "Je suis la vérité, je suis le dieu, le dieu est en moi". On peut dépasser le temps et l'espace, aller au-delà d'eux et les prendre en otages, comme le traduit la phrase de Rûzbehan : "Dès que l'amoureux et l'amant s'unissent avec l'amour, ils restent dedans ; A l'intérieur de cette union, les sons, les couleurs et le plaisir de l'espace et du temps deviennent encerclés par l'état joyeux" .
Un des soucis est de trouver les traces des notions de temps-espace, espace, temps et la causalité avant, pendant et après l'invention des mots, sachant que notre mémoire devient "aveugle" en dehors de son champ d'intervention. Cela nous permet de penser que la notion de temps grâce à notre mémoire des mots peut être différente des premières notions de temps : temps mythique et temps biologique. Henri Corbin l'identifie par "un temps physique discontinu" dans son livre, "l'imagination créatrice dans le soufisme d'Ibn Arabie" .
La notion de paradis, où il n'existe ni le temps ni le lieu, comme le croyaient notamment les Celtes, ont été développée dans la quasi-totalité des mythologies et des religions. A travers différents textes, le paradis est décrit comme un lieu d'éternité, un cadre de vie fleuri, verdoyant où chantent les oiseaux. Cette description n'est-elle pas une photographie de notre environnement avant l'invention des mots ? C'est ici que l'image d'Eden, du paradis, de pré-éternité se rejoignent. Autrement-dit c'est une autre idée du temps circulaire : le départ et la fin sont les mêmes : Eden et Paradis. L'analyse de ce discours monte que cette notion de l'"autre monde" où le temps et le lieu sont "autres" existe en nous et parallèlement, notre intelligence humaine ne peut pas les concevoir. Alors par quel biais cette notion nous est-elle arrivée ?
Les traces laissées dans un non-temps, non-espace, dans ce non-lieu "Eden-terre Céleste – Paradis rejaillissement à travers deux autres phénomènes qui se manifestent depuis des temps mythiques jusqu'à aujourd'hui : "la lumière" et "l'Amour". La lumière est en contraste avec les ténèbres, or notre base de compréhension fonctionne grâce aux contrastes. L'amour est l'état de bien être dans ce "Eden-Terre pré-éternel, le présent et le post-éternel". Ce sentiment de bien être, cet amour sans "sujet", se traduisent par une union. Rappelons la phrase de Rûzbehan : "je suis amoureux de moi sans moi".
Le bonheur se manifeste via la lumière et sans notion de temps. Ainsi selon Ibn
Arabie : "l'Amour divin est un Esprit sans corps, l'Amour physique est un corps sans esprit : l'Amour spirituel possède en revanche esprit et corps" .
Dans l'Evangile selon saint Jean, les quatre notions : la lumière, l'amour, la parole et l'union se centralisent en Jésus : "pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde", "Moi et le Père nous sommes Un", "Jésus leur parle de nouveau et dit : je suis la lumière du monde ; celui qui me suite ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie".
Les mystiques expriment leurs expériences dans les voyages vers "l'au-delà", ainsi Mola Sadra de Chiraz , né au 17ème siècle, dans son livre "des pénétrations métaphysiques" relate son voyage "lorsque j'eus persisté dans cet état de retraite incognito et de séparation du monde, pendant un temps prolongé, voici qu'à la langue mon fort intérieur porta mon âme à l'incandescence par mes exercices spirituels répétés, mon cœur fut embrasé de hautes flammes. Alors fusèrent sur mon âme les lumières du Malakût … tous les secrets métaphysiques que j'avais connus jusqu'à lors par démonstration rationnelle, voici que maintenant j'en avais la perception intensive, la vision directe" .
Un autre cas de voyage visionnaire, expérience de mort imminente (NDE) a été développée par le docteur Moody en 1945 et il a été depuis sujet de recherches. Ce phénomène a été clairement résumé dans le livre "Enquête sur l'existence des Anges gardiens" . Le sujet déclare toujours que ce qu'il a vécu n'est pas exprimable avec des mots humains. Il s'entend déclarer mort ou bien tout lui semble étrange ; il se sent mort. Il ne ressent plus aucune douleur et il se sent parfaitement détendu et calme, le sujet sort de son corps et voit ce qui se passe autour de lui, il est aspiré dans une sorte de tunnel, il aperçoit une lumière brillante, il se heurte à une sorte de "frontière". Pour mieux comprendre, relions ensemble les phrases d'une personne qui a vécu cette expérience. "Je fus rempli du savoir de Dieu et dans ce précieux aspect de son existence, je ne faisais plus qu'un avec lui … Mon attention était maintenant attirée vers le haut où se trouvait une grande ouverture qui conduisait vers une autre ouverture circulaire. Une lumière blanche brillait et se déversait dans l'obscurité … C'était la plus belle lumière que je n'ai jamais vue. Je crois que j'allais très vite mais tout semblait hors du temps… Là, devant moi, était la présence vivante de la lumière. A l'intérieur, je ressentis l'intelligence, la sagesse la compréhension, l'amour, la vérité" . Il suffit de comparer les paroles rapportées par les sujets (prophètes, mystiques, expériences NDE) ayant connu une expérience visionnaire pour réaliser leur similitude.
Alors que l'expérience de mort imminente n'arrive qu'à des sujets dont la mort a été déclarée cliniquement, l'expérience visionnaire des mystiques a besoin de la volonté et d'une méthode directe ou indirecte pour accomplir le voyage. Sans garantir la faisabilité ni la fiabilité de la méthode, voici un des rares textes qui présente à la fois une technique et ses moyens de contrôle d'exactitude du résultat : "notre méthode est la méthode de l'alchimie, il s'agit d'extraire l'organisme subtil de lumière de dessous les montagnes sous lesquelles il gît prisonnier … Il peut arriver que tu, te visualises toi-même, comme te trouvant au fond d'un puits et comme si le puits s'animait d'un mouvement descendant de haut en bas ; en réalité, c'est toi qui es en train de monter … les états intérieurs concomitants de cette sortie se traduisent en visualisant des déserts, voire des cités, des pays qui descendent d'en haut vers toi et qui ensuite disparaissent au-dessous de toi, comme si tu voyais une digue sur le rivage de la mer s'effondrer et disparaître dans celle-ci… il arrive que tu contemples de tes yeux ce dont tu n'avais encore qu'une connaissance théorique par l'intellect. Lorsque tu visualises une mer où tu es plongé mais que tu es en train de traverser, sache que c'est l'anéantissement des exigences superfétatoires s'originaires de l'élément Eau. Si la mer est liquide et qu'il y ait en elle des soleils immergés ou des lumières ou un flamboiement, sache que c'est la mer de la gnose . Ce n'est pas difficile de trouver les éléments communs entre les trois catégories de voyage : l'état prophétique (Zarathoustra, Bouddha, Jésus, Mohammed), l'état visionnaire mystique (au sein des différentes écoles, juive, chrétienne, islamique, iranienne et d’autres écoles mystiques notamment des mystiques hâtés..) et les expériences de mort imminente. Ces éléments communs sont : la lumière, l'état de bien être, l'amour et le manque de sensation du temps et d'espace. Dans les cas, les sujets manifestent une grande difficulté à décrire leur état à l'aide des mots mais ils n'ont pas d'autre choix que d'utiliser les mots qu'ils possèdent.
Les verbes, les logos, le mot revêt plusieurs aspects : Il est un moyen de communication avec "moi", avec "l'autre", il est un moyen de transmettre le savoir et la connaissance de génération en génération, il est la base de la structure de notre mémoire qui nous permet d'avoir la connaissance de notre inconscient. N'est-ce pas la raison pour laquelle on dit que le Dieu a mis son esprit, l'esprit étant le mot, en l'être humain ? Sans la mémoire des mots, la parole ne peut pas exister. Autrement-dit la Parole – Logos - Dieu est notre capacité à mémoriser les "mots". Avant la présence des mots qui étions-nous ? Une autre mémoire fonctionnait et fonctionne encore par l'intermédiaire des "images", des "symboles". Existe-t-il une autre couche de mémoire plus profonde en relation directe avec les éléments physiques de la mémoire du cerveau?
En outre, notre perception du monde avant l'invention des mots ne peut être exprimée avec les mots : un "bi-unité qui en fait échappe aux catégories du langage humain". Il y a un autre monde, une autre mémoire, un autre langage. "Parler c’est traduire une langue angélique en une langue humaine», toute architecture du suprasensible passe par cette frontière entre les deux mémoires, celle des mots et celle au-delà des mots. Elle est présentée par Mola Sadra ."Sache qu'une même quiddité dite à trois modes d'existence dont certains sont plus forts ou intenses que les autres… ». Puis il existe un autre monde, intermédiaire entre les deux mondes précédents (intelligible et matériel) un monde que l'âme crée et instaure parce qu'elle est l'image du créateur quant à son essence, ses attributs et ses opérations… Si le créateur est le verbe, alors peut être nous possédons un autre lieu psychique : Najm Kobra précise ces différents lieux : "l'être divin" a différents lieux ou demeures, et ce sont les lieux des attributs: Tu les distingues l'un de l'autre par ta propre expérience mystique, car lorsque tu l'élèves à tel ou tel lieu, la langue articule involontairement le nom de ce lieu et de son attribut" . Soulignons cette relation étroite entre noms, mots et lieux.
On peut résumer notre hypothèse : Réside – il un lieu psychique en nous, son accès est le sujet d'un voyage éventuellement accessible, difficile à expliquer par les mots : c'est pourquoi les images, les symboles, les voix, les couleurs viennent à notre aide «: … Mais "l'imaginal" est aussi une matière spirituelle, elle est l'enveloppe subtile de l'âme et la matière musique dont sont constituées les couleurs, les voix, les sonorités musicales…" , autrement-dit "tout se passe non pas dans le monde perceptible par les sens externes, ni dans l'"imaginaire", mais dans le "Mondus imaginalis", ce monde imaginal qui a pour organes homogènes dans l'être humain les centres de la physiologie subtile (les latifa)" . Est-ce par la méditation ou par une campagne de fouilles archéologiques que nous pouvons espérer retrouver la trace de ce paradis des archétypes, cette terre céleste au centre du monde qui préserve la semence des corps de la résurrection. Or, la définition de l'archétype selon Voltaire est : "ce monde, suivant Platon, était composé d'une idée archétype qui demeurait toujours au fond du cerveau …".
Un autre mystique, Mansour Hallaj a dit : "Quiconque renonce à ce bas monde voit sa personne sensuelle s'élever jusqu'à l'ascétisme. Quiconque renonce à lui-même, c'est son âme qu'il voit s'élever jusqu'à l'ascétisme". Un mystique se perçoit comme unique, en fusion avec Dieu avec qui il ne fait qu'un tout. C'est amour exclusif conduit : Au détachement du monte, malgré les obstacles à franchir, la jouissance de ce monde, la fréquentation des hommes auxquels ils ne s'attachent pas, les appétits sensuels, … ils doivent atteindre l'humilité.

"Le revirement du temps profane de l'histoire en une hiérohistoire des récits de l'âme ne passe pas en tel lieu précis ou dans tel autre mais dans l'espace magique de l'imaginaire : entre la pré-éternité et la post-éternité. Henri Corbin traduit les notions islamiques "azal" par pré-éternité et post-éternité. L'éternité fait appel à la notion de temps, mais les préfixes "pré" et "post" mettent en évidence qu'il existe un lieu qui précède et suit le temps. On peut admettre facilement que l'être humain vivait sans dissocier le temps de l'espace, autrement dit, l'invention des mots "temps" et "espace" nous a pris du temps.
On peut dépasser le temps et l'espace, aller au-delà d'eux et les prendre en otages, comme le traduit la phrase de Rûzbehan: "Dès que l'amoureux et l'amant s'unissent avec l'amour, ils restent dedans ; à l'intérieur de cette union, les sons, les couleurs et le plaisir de l'espace et du temps deviennent encerclés par l'état joyeux" .
Cassier montrait en effet que "les catégories du temps, de l'espace et de causalité se transmutaient au niveau de la vision mythique et épousaient des qualités toutes autres que celles qui régissent les modalités de la connaissance scientifique. La pensée mythique révélait un monde d'être qui a ses propres catégories de temps, d'espace et de causalité. Si le temps y est réversible et l'espace qualitatif en fonction des événements qui y ont lieu, la causalité, elle se présente comme la coïncidence des éléments hétérogènes plutôt qu'une causalité séquentielle" . Autrement-dit : "c'est parce que l'âme a une histoire qui est toujours au présent". On peut penser comme Adorno :"Le mythe est déjà raison et la raison se retourne en mythologie" . Peut –on conclure que les expériences des chamans de plus de 50000 ans avant, jusqu’au mythologie, jusqu’au états visionnaires, les états des prophètes, a la NDE ont les liens à la fois surface d’échange entre l’Homme et à même temps dans un autre monde plut tôt sur terrain , qui garde en mémoire la totalité de nos expériences humaines, qui sort, via des états intérieurs non pas connus exactement son fonctionnement à ce jour. Ce qui Freud nous a enseigné sur une autre forme : chaque être humaine traverse sa vie, une expérience de l’ensemble de nos parents? Ce qui peut dire aussi que les expériences des chamans, des savoirs mythologiques, aussi sont en nous et sort par les expériences mystiques, et / ou NDE…
« Si nous devons à Mircea Eliade d’avoir en quelque sorte normalisé les représentations du chaman en situant celui-ci aux sources de ‘l’histoire de la mystique ‘ »
« On doit principalement à Mircea Eliade, en associant les techniques archaïques de l’extase à l’expérience mystique des religieux, d’avoir sorti le chaman et le chamanisme du paradigme de l’anormalité dans lequel ils étaient jusqu’alors relégués » .
Malgré les chemins différents, les outils différents, les langages et vocabulaires différents, il n'y a qu'une sorte de mystiques "hors signifiants", "hors système", "hors intuition". Finalement ils nomment le but "lui" ou "la chose" comme pour personnaliser le but sans nomination. Ils ont déjà nommé la chose. Les moyens employés sont très variés, mais se laissent regrouper autour de quelques types : pratiques physiques (postures, respirations, etc. …), pratiques chimiques (cannabis, alcool, thé, etc …), pratiques liées au psyché (usage de sons, de prières, d'imagerie mentale) somme de la méthode ZEKRE (répéter les mêmes mots ou les mêmes phrases pendant plusieurs heures).
Le philosophe Mircea Eliade, spécialiste des religions comparées et de la pensée mythique, a qualifié le chamanisme de "science de l'extase". « Chaman est un mot qui appartient au langage de la tribu des Tungus en Sibérie, lieu où les anthropologues situent une des origines du chamanisme. Cette pratique est un rite sacré qui a pour fonction de conduire à l'extase, celle-ci étant définie comme une transe susceptible de supprimer les frontières entre veille et sommeil, entre ciel et terre, entre vie et mort, maladie et santé. ».
Le recours à des agents hallucinogènes n'est que l'un des accès possibles aux états de transe, conducteurs de la sensation d'entrer en contact avec le surnaturel»; c'est aussi la méthode la plus rapide. L'un des aspects typiques de l'expérience des chamans est le passage d'un état de conscience à un autre. C'est l'état de « transe » qui permet ce passage, et il est vécu par le chaman comme un véritable « voyage ».
Pour fondé davantage notre hypothèse, il faut préciser les trois hypothèses de Eliade, Freud et Jung. Hypothèse de Mircea Eliade, prendre les chamans comme source de l’histoire de mystique, Hypothèse de Freud met en parallèle la développante de chaque être humain comme le développement de l’Homme et hypothèse de Jung prendre comme base certaine transmissions de culture de l’Homme par les voix souterrain des symboles .
Ces trois hypothèses nous aident à avancer le nôtre : qu’il a un état qui dans certain cas surgit en nous, qu’on peut le résumé comme l’expérience de mystique, un sort de présence à la surface d’une des états déjà enregistrés en Homme. Autrement dit, ce qui Freud avance est valable à la fois pour la culture d’apparence aussi que pour le mouvement souterrain (les symboles).

Hassan Makaremi